La météo joue un rôle clé dans la stratégie d’une régate : chaque skipper doit choisir la route qu’il va suivre en totale autonomie, sans aide et intervention extérieure. D’où la prédominance de l’analyse météo dans le jeu de stratégie et représente une une traversée océanique. Ce sont des heures primordiales car ce sont les moments de la prise de décision.
Comme beaucoup d’équipes, nous partirons avec un road book fourni par un expert météorologue. Un road book est un document qui, à partir de l’analyse des dernières prévisions recueillies avant le départ, indique une trajectoire optimale à suivre ainsi que le timing des manœuvres : pour example combien d’heures et de jours il faut naviguer sur ce cap, avec ce vent, puis de virer de bord tel jour à telle heure avec un vent qui a tourné dans cette autre direction. Et ainsi de suite pratiquement jusqu’à la ligne d’arrivée… – commente Alberto Bona.
Si elle est fiable les 2 ou 3 premiers jours, la météo est moins précise au fil du temps, précisément parce qu’elles se basent sur des prévisions qui se projettent trop loin et qui, par conséquent, ne peuvent pas avoir la même précision. Pendant la régate, le travail à la table à cartes, c’est-à-dire sur l’ordinateur et ses programmes de routage, consiste à comparer les conditions attendues avec celles observées, à mettre à jour les prévisions en téléchargeant les derniers modèles météo via internet, et à comparer les données fournies par les différents modèles, car ils ne disent pas toujours la même chose, comprendre l’évolution générale des systèmes pour adapter et corriger l’itinéraire hypothétique proposé dans le road book, dans le but d’aller vite et toujours dans la bonne direction.
Nous sommes proches du départ et il semble désormais certain que les conditions seront difficiles dès le départ. Nous partirons avec un vent fort, au près, et la mer sera très formée à la sortie de la Manche et dans l’Atlantique Nord. On sait aussi qu’il y aura un premier front à franchir. Dans les prochains bulletins nous essaierons de comprendre plus précisément quand ce front passera et où nous devrions nous trouver à ce moment précis – souligne le skipper.
Une autre décision clé dans la stratégie de course concerne les voiles. C’est une décision importante qui sera prise par l’équipe IBSA moins de 48 heures avant le départ, lorsqu’on aura une idée précise du scénario météo de cette Route du Rhum. Mais combien et quels types de voiles y a-t-il à bord d’un Class40 nouvelle génération comme le Class40 lBSA ?
Alberto Bona nous l’explique: La jauge Class40 limite la hauteur de mât et la surface de voilure à 115 mètres carrés au près, avec grand-voile et solent. De plus, le nombre de voiles que nous pouvons avoir à bord est limité à huit. Nous avons la grand-voile qui est la principale, entièrement lattée et gréée sur la bôme, devant on a un gênois ou un solent, une trinquette plus petite et un tourmentin pour le vent fort. Ensuite pour les allures portantes, on a un gennaker monté sur emmagasineur, à voir si on prendra le petit ou le grand. Et enfin trois spinnakers, nous choisirons lesquels embraquer en fonction des conditions météo. Pour le Class40 IBSA, avec l’architecte Sam Manuard et l’équipe nous nous sommes concentrés sur la nouvelle carène améliorée, celle du Mach5, sans apporter de changements radicaux en ce qui concerne le plan de voilure. Donc pour les voiles, nous sommes restés sur des formes, des surfaces et des types de voiles déjà validés. Nous avons fait des choix un peu différents en ce qui concerne les spinnakers, nous en avons deux en plus, c’est pour ça qu’on doit encore valider la liste de voiles.